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27/10/2016

> Déchets - Recyclage

Le Smedar à Rouen, opérationnel pour l'extension des consignes de tri

D'ici quelques jours, le centre de tri de la Métropole de Rouen devrait à nouveau être opérationnel, après quelques mois de travaux pendant lesquels tout le site intérieur a été reconstruit pour permettre à la fois une extension de capacité et un élargissement des consignes de tri. C'est l'un des sites de la deuxième phase d'expérimentation retenus par Eco-Emballages à l'automne 2015 et le plus gros centre de tri géré en régie. Une opération qui est surtout un challenge technique par sa compacité.

D'ici quelques jours, le nouveau centre de tri du Smedar, syndicat mixte d'élimination des déchets de l'Agglomération de Rouen, devrait être fonctionnel après seulement deux mois de travaux pour une refonte totale des chaînes de tri. Une opération de rénovation complète, après dix ans d'exploitation, qui représentait un véritable challenge technique dans la mesure où il fallait pouvoir accueillir dans le même espace que précédemment (pensé pour le tri de 25 000 tonnes/an) des capacités de tri pour 35 000 tonnes, avec en outre des objectifs de tri supplémentaires. Rouen fait en effet partie des collectivités sélectionnées à l'automne dernier pour la deuxième vague d'expérimentation de l'extension des consignes de tri, en anticipation de l'obligation de tri de tous les plastiques prévue pour 2022. Désormais, les habitants pourront donc mettre dans la poubelle de recyclage tous les pots, boîtes, barquettes, sacs, sachets, blisters et autres films en plastique : bref tous les emballages plastiques, et même mieux, puisque la consigne de tri s'étend aussi aux couvercles métalliques de bocaux et pots, aux opercules métalliques et même aux capsules de thé ou café des machines à expresso (grâce à un courant de Foucault adapté aux petites pièces nouvellement intégré sur la fraction fine). 

L'enjeu n'était donc pas que celui du tonnage mais bien aussi de la qualité de tri de ces nouveaux gisements, tout en améliorant les conditions de travail des employés avec des processus les plus automatisés possible (d'autant que beaucoup des nouveaux gisements sont globalement souillés, petits et légers, donc pénibles à trier manuellement).  Le groupe Arval qui a emporté le contrat a donc du rivaliser d'ingéniosité pour placer des plus grosses machines sur les flux habituels et de nouvelles unités capables de trier les flux nouveaux (notamment la machine Recyfilm capable d'extraire et trier les films et dont Arval a été co-concepteur dans le cadre d'un projet du même nom financé par Valorplast), et les articuler en un labyrinthe en 3D dans un espace très contraint. Trommel, tris balistiques multiples, 6 tris optiques au lieu de 3, des overbands et Courants de Foucault (deux désormais) s'enchevêtrent donc avec au final une salle de tri moderne et ergonomique pour les opérateurs, et un système de supervision avancé permettant aussi de garantir un taux de disponibilité maximal (avec une maintenance préventive mieux cernée). Tout cela fait donc aujourd'hui du centre de tri de Rouen sans doute un modèle du genre, même si ce n'est pas le plus gros (le plus grand en régie, mais pas tous sites cofondus). 

Avec son redémarrage début novembre (des solutions de rechange avaient été mises en oeuvre avec des territoires voisins pour assurer la transition), le site rouennais devrait progressivement monter en puissance. D'un peu plus de 25 000 tonnes jusqu'à présent en régime de croisière, il devrait passer à un volume de 28 000 tonnes/an dans les prochains moins (soit un débit de 10 à 11 t/h contre les 8t/h précédentes) avant d'atteindre les 13 t/h lui permettant de traiter 35 000 tonnes/an, sa capacité nominale. L'idée n'est d'ailleurs pas de battre un record de vitesse pour remplir le centre, mais bien de faire monter en qualité et en quantité le taux de recyclage des plastiques. Comme partout en France où l'extension de tri n'existe pas encore, le taux de recyclage des emballages plastiques ne dépassait pas 25 % à Rouen. De fait, en ne s'attaquant qu'aux bouteilles et flacons, on ne ciblait que 40 % du gisement. Avec l'élargissement des consignes, les 60 % restants sont aussi adressés, soit à l'échelle nationale 700 000 tonnes visées. L'ambition du Smédar est ainsi d'atteindre sur son territoire 50 % de taux de recyclage des emballages plastiques, en travaillant progressivement sur la systématisation du geste de tri, rendu plus facile par "l'universalité" des emballages plastiques concernés. Sous réserve bien sûr que cela n'incite pas non plus les citoyens à "se lacher", d'où une campagne de communication intensive lancée par le Smedar et un souci de suivre une montée en puissance raisonnable. 

Ce projet de rénovation représente pour le Smédar un investissement de 5 M€, soutenu financièrement à hauteur de 60 % par l'Ademe, Ecofolio et Eco-Emballages. Le syndicat a choisi de poursuivre sa politique de non facturation des flux triés aux collectivités, en dépit de l'augmentation conséquente à terme des volumes triés, cette activité devant s'équilibrer avec le soutien d'Eco-Emballages (plus élevée à la tonne de nouveaux plastiques) et les recettes issues des ventes des matériaux. A noter aussi que le retrait de ces nouveaux flux, désormais triés, de la filière de valorisation thermique ne devraient pas avoir d'impact sur le fonctionnement des fours d'incinération, au regard de la capacité globale de l'UIOM, supérieure à 300 000 tonnes/an.