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31/10/2024

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Mobilité maritime : la course à distance de Candela, SeaBubbles et Mobyfly

Le constructeur de bateaux suédois Candela vient d'annoncer la mise en route de la première ligne de ferry à hydroglisseur électrique entre la banlieue et le centre de Stockholm avec un bateau pouvant accueillir 31 personnes. Une première pour cette nouvelle génération de ferry à hydroptère (foils) tandis que le Français Seabubbles obtient de son côté l'homologation de son deuxième modèle, le Smart Bubble, capable d'accueillir 8 passagers et que le suisse Mobyfly entre en industrialisation de ces bateaux sur foils zéro-émission de 30 à 350 passagers.

Mardi 29 octobre a marqué à Stockholm la mise en service du premier ferry à hydroptère électrique de la startup Candela. Un ferry "volant" à 1 mètre de la surface de l'eau, le modèle Candela P-12 (baptisé Nova), d'une capacité de 31 personnes qui assurera la liaison entre la banlieue de Tappström et le centre ville de la capitale suédoise, soit 15 km qu'il parcourra en environ 30 minutes. Pour les passagers de ce premier ferry à foils électrique, le trajet habituel s'en trouve ainsi réduit de moitié grâce au potentiel offert par la double approche électrique et des foils. En effet, les navires conventionnels de transport en zones fluviales et maritimes urbaines étaient jusqu'ici limités en vitesse parce qu'ils font trop de bruit, génèrent de la pollution et surtout provoquent des sillages trop importants pour les rives et les autres usagers des voies maritimes et fluviales. Les énormes quantités d'énergie nécessaires à grande vitesse rendent également impossible leur électrification, car leur autonomie serait trop limitée même avec de grosses batteries. Et même dans ce cas-là, le problème du sillage ne serait pas résolu. Avec le principe des foils permettant aux bateaux de se soulever au-dessus de l'eau, Candela revendique une réduction de consommation d'énergie de 80 % grâce à la moindre résistance au déplacement, d'où la possible électrification et surtout l'absence ou presque de sillage. Par conséquent, un tel ferry peut circuler à grande vitesse dans les zones urbaines, à très faible bruit même à grande vitesse (en l'occurrence 25 noeuds). Il faut aussi noter qu'au-delà de l'architecture du P-12 sur foils contrôlés par ordinateur, les bateaux de Candela s'appuient sur une motorisation spécifique développée en interne, les moteurs électriques C-POD sans transmission mécanique, donc particulièrement efficients en énergie. Pour rappel, il s'agit d'un moteur en rupture dans la mesure où il est immergé dans l'eau, fonctionnant au plus près des hélices. En se débarrassant de tous les arbres, roulements et engrenages de transmission, les moteurs des bateaux (en forme de torpille sous le bateau) sont ultra-compacts, à haut-rendement et très puissants (voir l'article paru dans GNT en septembre 2021 - ICI). Ainsi dans le cas de figure de Stockholm, "Nova" ne nécessite pas d'infrastructure à quai coûteuse, se chargeant sur un chargeur rapide pour voitures ordinaires à l'hôtel de ville de Stockholm pendant la pause déjeuner, ce qui lui permet d'assurer les rotations nécessaires pour répondre aux besoins des voyageurs.
Le nouveau ferry va fonctionner cet automne jusqu'au gel des eaux avant de reprendre le service au printemps jusqu'à l'été prochain où une évaluation de l'expérimentation sera faite avant un élargissement du déploiement de ce type de services de transport, plus efficaces, moins coûteux et moins polluants que les ferry tournant au diesel.

Avec ce lancement opérationnel, Candela confirme son avance sur le marché des hydroptères de transport public électrique. La startup a d'ailleurs déjà reçu cette année des commandes de l'Arabie saoudite, de la Nouvelle Zélande et de Berlin (en plus d'autres clients en cours d'être annoncés) et levé 25 M€ au printemps dernier (comptant parmi les investisseurs le constructeur français Bénéteau). Mais de son côté, la startup française Seabubbles, positionnée sur le même créneau des hydroptères électriques n'a pas dit son dernier mot. A l'occasion du salon nautique Cannes Yatching Festival, le constructeur lyonnais a ainsi annoncé l'homologation de son deuxième modèle, le SmartBubble, pour le transport de 8 passagers, soit le double du premier bateau homologué l'an dernier et qui avait été validé au plan opérationnel pendant l'été 2023 sur le lac d'Annecy. Ce "Smartbubble" intègre des innovations testées également l'an dernier telles que la rétractabilité des foils (facilitant l'accostage dans des zones peu profondes) ou l'hybridation électrique-hydrogène (voir notre article paru dans GNT en septembre 2023 - ICI). L'entreprise revendique aussi de disposer d'une technologie permettant un "décollage" du bateau à faible vitesse (dès 10 noeuds pour le grand modèle et 6 pour la Bubble de 4 places) et elle poursuit la R&D pour encore l'améliorer (elle a d'ailleurs acquis les actifs de la startup sétoise Neocean, qui avait aussi travaillé sur une solution de mobilité de type scooter des mers sur foils). L'heure est maintenant réellement au lancement commercial, avec un premier client enregistré en Suisse pour ce nouveau modèle et des prévisions optimistes de vente pour les prochaines années (plusieurs centaines selon l'entreprise). A nos confrères de La Tribune, Virginie Seurat, la directrice générale, a confié avoir récemment levé 2 M€ et préparer un nouveau tour de table plus conséquent (plus de 10 M€) pour accompagner le réel lancement commercial et industriel.

L'accélération sera enfin également à suivre du côté de la Suisse avec la startup valaisienne Mobyfly qui a annoncé fin septembre prévoir le lancement commercial de ses premiers bateaux à foils zéro-émission à l'automne 2025. Pour rappel, cette entreprise est positionnée sur un créneau de marché de capacités supérieures, puisque débutant à 30 passagers pour le premier modèle et jusqu'à 350 passagers. Elle affirme avoir obtenu plus de 300 millions de francs suisses de commandes, principalement pour les modèles petits et moyens, depuis la mise à l'eau de son prototype en 2021. Elle annonce aujourd'hui être en train de lever 10 M CHF pour passer à l'industrialisation et la commercialisation effective d'ici fin 2025.

Illustration : le P-12 de Candela à Stockholm

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