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14/06/2019

> CO2 - Climat

La biomasse marine fortement menacée par le réchauffement climatique

17 % de la biomasse mondiale d’animaux marins pourrait disparaître d’ici 2100, si les émissions de CO2 se poursuivaient au rythme actuel. C’est ce que révèle la première évaluation globale des effets du changement climatique sur les écosystèmes marins, qui a mobilisé des chercheurs de l’IRD et du CNRS de Montpellier et de Versailles-St Quentin.

Ce n’est pas la première fois que des chercheurs mettent en garde sur les impacts des changements climatiques sur la répartition et l'abondance de la vie marine. Mais jusqu’à présent, il n’avait jamais été établi d’estimation de l’ampleur de ces conséquences. C’est chose faite aujourd’hui avec la publication dans PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences) d’une étude menée par une équipe internationale de 35 chercheurs (de 12 pays et 4 continents) qui a combiné plusieurs modèles climatiques et écosystémiques pour établir le diagnostic.

Et celui-ci est sans appel :  l’étude révèle que la biomasse mondiale d'animaux marins, c’est-à-dire le poids total des animaux marins dans l'océan (poissons, invertébrés et mammifères marins), diminuera d’ici la fin du 21e siècle du fait de la hausse des températures et de la diminution de la production primaire. Le constat est vrai quels que soient les scénarios d'émissions de CO2 envisagés par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), même si l’ampleur du phénomène peut être réduite. Si les émissions de gaz à effet de serre suivaient la trajectoire actuelle, la biomasse globale diminuerait de 17 % d'ici 2100 (par rapport à la moyenne des années 1990-1999). Mais si le réchauffement planétaire se limitait à 2°C sur cette période, la biomasse globale ne diminuerait que de 5 %. Autre source d’inquiétude, les chercheurs estiment que les impacts du changement climatique pourraient être plus graves aux niveaux les plus élevés de la chaîne alimentaire. Les poissons et mammifères marins connaîtront donc des déclins plus importants que le phytoplancton et le zooplancton, du fait du processus d’« amplification trophique », qui conduit à une plus grande vulnérabilité des animaux situés aux extrémités supérieures des chaînes alimentaires marines.
Les inquiétudes sont d’autant plus fortes que le chiffre de 17 % est une moyenne et cache des disparités très fortes. La biomasse diminuera en effet très fortement (de 40 à 50 %) dans de nombreuses régions océaniques tempérées et tropicales, où les populations humaines dépendent souvent directement des ressources marines et où la biodiversité marine est déjà fortement affectée par les effets des activités humaines. A l’inverse, de nombreuses régions polaires autour de l'Arctique et de l'Antarctique pourraient voir la biomasse augmenter. Ce phénomène offrirait peut-être de nouvelles opportunités d’exploitation des ressources marines, entraînant cependant de nouvelles problématiques en termes de gestion et de conservation du milieu marin.

Cette nouvelle étude confirme donc l’importance d’une gestion raisonnée des milieux marins et surtout du développement de mesures de préservation et de pérennisation de la biodiversité en milieu marin au regard des évolutions du changement climatique, au risque sinon d’aggraver les conséquences pour les populations du changement climatique.