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13/03/2019

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La dendrochimie au service du suivi des pollutions atmosphériques

Analyser les cernes des arbres pour dater et qualifier les pollutions antérieures, technique appelée dendrochimie, déjà mise en œuvre pour le suivi des sols pollués, trouve également des usages dans le domaine du suivi des pollutions atmosphériques. Une étude réalisée autour d’une zone industrielle du sud de la France le démontre.

Dans un récent numéro de Chemosphere, des chercheurs issus de l’Institut écocitoyen pour la connaissance des pollutions, du laboratoire Chrono-environnement de l’Université de Franche-Comté et du Cérège, ont publié les résultats d’une étude menée sur la zone industrialo-portuaire de Fos visant à mieux qualifier et dater les pollutions atmosphériques, notamment métalliques, en mettant en œuvre la dendrochimie.

Cette technique consiste à étudier (via un simple carottage) les cernes des arbres, ces anneaux concentriques qui se forment année après années en formant le tronc de l’arbre. Les arbres sont en effet des témoins privilégiés de l’histoire environnementale d’un milieu car les cernes qui se forment chaque année conservent la mémoire des expositions de la plante : ils constituent un tissu conducteur permettant le transport des nutriments des racines vers les feuilles. Mais ses cellules séquestrent autant des éléments chimiques provenant de la voie racinaire que de la voie foliaire. L’analyse de la composition chimique de chaque cerne permet donc de connaître précisément l’exposition en fonction de chaque année et les anomalies de composition chimique du bois.

La voie racinaire étant majeure, la technique dendrochimique a depuis de nombreuses années été présentées comme un outil potentiel de suivi des pollutions des sols, y compris comme un outil permettant d’alimenter des expertises judiciaires sur les pollutions en permettant de les dater grâce aux arbres (des publications et retours d’expériences dans ce domaine ont notamment été régulièrement présentés à des colloques sur les sols pollués, notamment par le laboratoire Chrono-Environnement ou encore la société Environnement International de Jean-Christophe Balouet, expert reconnu dans cette approche). La nouvelle étude menée sur Fos montre désormais qu’elle peut également être pertinente dans l’étude historique des pollutions atmosphériques. La variabilité temporelle des concentrations métalliques relevée dans les cernes a permis par exemple de définir les grandes tendances de l’exposition atmosphérique de la région après l’implantation et le développement de la zone industrialo-portuaire, mais aussi de mesurer l’impact des mesures prises pour réduire les pollutions atmosphériques à partir des années 2000. Les années 70-90 sont ainsi marquées par une exposition principale au zinc, au cadmium et au mercure, suivi d’une réduction dans les années 2000 pour ses composés mais avec l’apparition et l’augmentation d’autres polluants (arsenic, chrome, nickel, vanadium, aluminium, fer…). L’outil de dendroécologie offre donc une vision globale des évolutions des polluants atmosphériques, que ceux-ci soient émis par le monde industriel, les voies routières ou l’activité urbaine.

 

Les contacts :

Institut écocitoyen pour la connaissance des pollutions   Annabelle.austruy@institut-ecocitoyen.fr

Laboratoire Chrono-Environnement,    Michel.chalot@univ-fcomte.fr

Cerege, Catherine Keller, keller@cerege.fr

 

Evaluation of historical atmospheric pollution in an industrial area by dendrochemical approaches. A. Austruy, L. Yung, J.P. Ambrosi, O. Girardclos, C. Keller, B. Angeletti, J. Dron, P. Chamaret, M. Chalot. Chemosphere.

 

Crédit photo : M.Serra, CNRS