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24/04/2017

> Eaux

Des éléments factuels sur l'efficacité de la production de neige de culture

Alors que la saison hivernale s'achève dans les stations de ski françaises après avoir fait fonctionné régulièrement les canons à neige, une étude sur l'efficacité de cette production de neige de culture est publiée par la revue The Cryosphere. Celle-ci, sans juger de l'intérêt ou de la pertinence de cette pratique, quantifie précisément les potentielles pertes d'eau (et d'énergie aussi) des pratiques actuelles, analyse qui pourrait permettre à l'avenir d'améliorer le fonctionnement des matériels, voire d'ouvrir des perspectives d'évolution dans la conception des équipements de production.

La production de culture repose sur la congélation de micro-gouttes d'eau pulvérisées par ce qu'on appelle un "enneigeur".  Les données des constructeurs de ces matériels ainsi que les études déjà disponibles sur la performance des équipements, montrent que ce processus s'accompagne d'une déperdition d'eau de l'ordre de 10 %, perte à ce jour quasi-incompressible. Ce que montrent en revanche les campagnes d'observation réalisées dans les stations de sports d'hiver alpines pendant la saison 2014-2015, c'est que sur le terrain, la masse de neige de culture retrouvée sur une piste équipée d'enneigeurs pouvait être dans les faits bien inférieure à celle attendue en théorie. Une deuxième série de mesures spécifiques a donc été menée par le centre d'études de la neige (CEN - Irstea/IGE, Météo-France/CNRS) sur la saison suivante (2015-2016) aux Deux Alpes (Isère), notamment grâce à l'utilisation originale des outils de mesure glaciologique ainsi que d'un scanner laser. 
Les résultats de cette deuxième campagne, publiés dans The Cryosphere le 7 avril, confirment ainsi qu'une quantité significative d'eau utilisée dans la production n'est pas retrouvée sous forme de neige sur la piste, dans des proportions qui varient assez fortement selon la topographie des lieux (pentes en bord de piste, végétation voisine), emplacement et la puissance des enneigeurs ou de manière plus évidente selon les conditions météorologiques (vent et température). Globalement, on constate donc des dépôts significatifs hors des limites des pistes.
La quantification de ces pertes est indéniablement un élément important pour les exploitants de stations pour lesquels l'enneigement est un poste lourd au plan économique (dépenses énergétiques conséquentes) et pouvant avoir un fort impact en matière de gestion de l'eau pour le territoire. Mieux comprendre les paramètres qui accentuent les pertes de neige artificielle pour ajuster les pratiques et les réglages des équipements est donc essentiel, et devrait donc permettre de faire converger des enjeux économiques d'exploitant et environnementaux en matière de gestion des ressources naturelles d'eau et d'énergie.