Actualités
Voir toutes les
actualités

07/04/2020

> Eaux

Hygiéniser les boues avant épandage : une mesure hautement recommandée par l'Anses pendans la pandémie

Saisie en urgence sur la question de la possible dissémination du virus via les boues de stations d'épuration, l'Anses a estimé le risque de contamination par le SARS-CoV-2 comme faible à négligeable pour les boues ayant subi un traitement hygiénisant conforme à la réglementation. En revanche, le niveau de contamination de boues non traitées n'étant pas disponible, ni des données sur une période de stockage au-delà de laquelle le virus serait inactivé, l’Agence recommande de ne pas épandre de boues d’épuration produites durant l’épisode épidémique sans hygiénisation préalable.

La question d'une possible dissémination du virus dans les boues d'épuration n'est pas anodine. Car aujourd'hui, plus de 70 % de ces boues urbaines sont utilisées en agriculture dans le but d'apporter des éléments fertilisants. Or il est vrai que des particules virales du Sars-Cov-2 ont été détectées dans les selles de certains patients. Si, comme l'indique l'OMS, on ne dispose d'aucune preuve de la survie du virus dans les eaux usées (et donc encore moins dans les boues, après avoir subi toute la filière de traitement), d'autres coronavirus ont déjà montré leur capacité à rester infectieux dans ces eaux pendant plusieurs jours. D'où la prudence nécessaire quant à la qualité des boues qui pourraient être épandues en agriculture, non pas pour la filière alimentaire (puisque la survie du virus en terre est très improbable) mais pour les opérateurs de stations d'épuration et pour les agriculteurs qui auront à épandre (du fait du caractère transmissible par voies aériennes).
Les données sur l'inactivation du nouveau virus étant très parcellaires, l'Anses a basé son analyse sur les connaissances concernant d'autres virus, comme les entérovirus, les phages ou des coronavirus animaux, pour estimer la résistance du Covid-19 dans les boues, et suite aux traitements qu'elles peuvent subir (épaississement, déshydratation, voire chauffage, chaulage, digestion, compostage...), comportant donc des opérations visant à réduire les microorganismes (pour arrêter les fermentations, les odeurs etc.).
C'est donc ainsi que l'Anses a estimé que le risque de retrouver le Sars-Cov-2 actif dans les boues après hygiénisation est faible à négligeable. L'agence recommande néanmoins un renforcement des contrôles pour vérifier la bonne mise en oeuvre des procédés de traitement (temps de traitement, montée en température, pH..) pour en garantir l'efficacité, et bien entendu l'instauration de mesures de protection adéquates pour les opérateurs et professionnels de l'épandage.  Pour les autres boues, non traitées, l'Anses précise que les données disponibles ne permettent pas de définir avec précision la contamination et éventuellement le temps nécessaire à une inactivation du virus. D'où une recommandation hygiéniser toute les boues pendant la période de l'épidémie.
Cette analyse et ces recommandations mettent enfin en lumière la nécessité de réaliser des travaux scientifiques spécifiques pour approfondir les connaissances sur les contaminations virales dans la filière d'assainissement. L'anses recommande en particulier d'approfondir les travaux sur le suivi des bactériophages infectant les bactéries intestinales, qui sont proposés comme indicateurs de pollution fécale ou virale.