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En 2014, une étude menée par un étudiant américain, élève du collège Dorseyville à Pittsburg avait suscité beaucoup d’intérêt car elle montrait qu’en adoptant la police Garamond en taille 9 pour l’impression de tous les documents de l’établissement, les économies d’encre pourraient atteindre 20 000 dollars par an, ce qui extrapolé à l’échelle de l’Etat, pourrait représenter 370 M€ par an.

Bien qu’impressionnante par son impact économique (et de fait environnemental…), cette démonstration est contestée, notamment par l’expert en typographie Thomas Phinney qui note que si Garamond est effectivement économe, c’est parce qu’elle est plus petite de 15 % et par conséquent un peu moins facile à lire. Il aurait donc fallu comparer cette police aux autres en ajustant la taille (la mettre en 12), ce qui ne l’aurait donc pas placée en tête du classement. D’où l’idée pour des élèves ingénieurs de 1^ère année de l’école Pagora à Grenoble de se repencher sur cette question de la consommation d’encre à l’impression pour déterminer celle qui permettrait une moindre consommation d’encre mais en prenant en compte également l’aisance de lecture comme paramètre d’analyse. Cela revient ainsi à comparer des couples « police/taille », plutôt que simplement des polices. Cette étude a ainsi retenu les polices étudiées par l’étudiant américain en 2014, ainsi que les polices dites « économiques » Ecofont et Ryman Eco afin de vérifier la fiabilité de leurs allégations, et quelques polices couramment utilisées lors de l’impression des polycopiés de l’école d’ingénieur grenobloise. Des données ont aussi été collectées par un sondage pour déterminer objectivement pour chaque police d’écriture la taille de confort associée.

A partir de là, une véritable procédure scientifique a été mise en place pour imprimer des feuilles et les peser, en évitant certains biais comme l’assèchement des feuilles lors de l’impression qui échauffe le support ou le risque de superposition de couches d’encre (l’idée étant de déposer une quantité maximale d’encre pour mettre en évidence plus facilement les différences de consommation sans avoir de superposition de textes) ou encore le nombre de caractères imprimés qui devaient être réellement le même d’une police à l’autre.

Toute une série d’essais d’impression a été menée, avec des difficultés rencontrées sur la reproductibilité des impressions d’un jour sur l’autre et d’une imprimante sur l’autre, ou encore l’adéquation ou pas de la police avec l’usage bureautique d’impression de polycopiés avec un éditeur de texte. C’est ainsi que les polices Ecofont et Ryman Eco ont confirmé leur caractère économe, mais leur limite pour les usages bureautiques en éditeur de texte (mais utilisables en PDF) et surtout leur faible attractivité pour les lecteurs. Des simulations de coût ont aussi été décrites.

Cinq polices très classiques en tête et une priorité à donner à l’impression en gris

Au final, il est ressorti des expériences un classement de cinq premiers couples police/taille permettant une économie d’encre tout en maintenant un confort de lecture, classé ici par ordre de préférence de lecture : Times New Roman 11, Arial 10, Century Gothic 10, Cambria 11 et Calibri 11. Mais l’étude a surtout révélé que l’impact le plus significatif sur la quantité d’encre est le niveau de gris choisi pour l’impression. Lorsque celui-ci est à 85 %, plutôt qu’à 100 % noir, la consommation d’encre s’en trouve quasiment réduite de moitié, sans que la qualité de lecture du document en soit altérée. Un résultat qui devrait donc inciter tout un chacun à déjà pré-régler son imprimante sur ce taux, même en continuant à utiliser sa police préférée.